La mode en tissu pagne : la tendance Afritude ou Euro-titude ?

Bonjour chers lecteurs, aujourd’hui sur ce blog on va aborder le sujet de la mode. Une mode qui touche l’Afrique et tous les africains dans le monde. Alors accrochez-vous bien et allons à la rencontre de « la mode Afritude » !

(c) Pinterest

1)Que signifie le terme : Afritude ?

Le terme « Afritude » tire ses origines des mots « Afrique » et « Attitude ». Dans le monde de la mode, il peut alors être définie comme « la mode aux tendances africaines », « le style africain » ou encore mieux « la mode à l’africaine ». Et quoi de plus propre à l’Afrique que son amour pour le pagne !

La mode Afritude est donc cette tendance qui met en valeur le pagne au travers de nombreux articles vestimentaires.

2)Comment est fait un objet Afritude ?

Le schéma de la fabrication d’objets afritudes est assez simple :

  • Acheter un objet à modifier : chaussure, tee-shirt, sac (il peut arriver que les sacs soient directement fabriqués)… etc
  • Acheter le pagne
  • Recouvrir de pagne l’objet acheté.

Simple n’est-ce-pas ! Néanmoins, notez que cette pratique demande un apprentissage sérieux.

(c) pinterest

Plus qu’un style, l’afritude est un mouvement qui traverse peu à peu l’univers de la mode pour se manifester dans d’autres domaines de la vie. Décoration d’intérieur, Optique (étuis et cadres de lunettes), bocaux givrés, portefeuille, décapsuleurs, peignes ; tout devient afritude ! Il ne s’agit plus seulement d’utiliser le pagne lui-même mais des imprimés aux motifs de pagnes africains.

3)D’où provient le matériel utilisé ?

Par matériel j’entends ici, les objets qui subissent la transformation moderne-afritude et bien évidemment le pagne.

Dans cette partie de l’article, l’étude va se limiter à notre pays le Cameroun.

Parlons donc du pagne. Déjà, la CICAM est la seule industrie textile rescapée de la zone CEMAC. Malgré la production locale du coton, sa matière première provient à plus de 80% de la chine. De plus, elle ne possède que 5% du marché local (d’après le magazine Camer Be). Pour les 95% restant, nous pouvons accrocher nos espoirs sur les pagnes provenant de l’Afrique de l’ouest, mais le wax s’imposent.

Le Wax

Le wax, le wax, le wax ! Il s’agit d’un pagne originaire d’Indonésie. Les colons Anglais et Hollandais eurent l’idée de reproduire les techniques de fabrication de ces pagnes. Et au vue de leur succès, plusieurs pays africains décidèrent d’installer des usines de fabrication de wax sur leur territoire. Et aujourd’hui, le tissu le plus vendu est le wax HOLLANDAIS.

À côté du wax, CICAM se heurte aux pagnes originaires de Chine. Des imitations du wax, qui semblent intéresser les acheteurs grâce à ses prix plus que doux.

En ce qui concerne la « matière première » de l’afritude (tee-shirt, sac, chaussures, pantalons, bijoux…etc) . Au Cameroun, comme je l’ai souligné plus haut, l’industrie textile se limite à notre cher CICAM. Celle de la chaussure quant à elle est juste naissante et peu connue. Alors les maîtres de l’afritude n’ont que pour seul recours des « matières premières » importées.

(c) pinterest

4)Afritude ou Euro-titude ?

Pour permettre à chacun de nous de percevoir les profondeurs de la question, on va ensemble étudier cette partie à l’aide d’une maïeutique. Alors je vais vous soumettre quelques questions et chacun de vous formulera sa réponse. Si vous n’avez pas la réponse au bout des lèvres, n’hésitez pas à faire usage du web et ses innombrables connaissances.

  • D’où proviennent les objets (sacs, chaussures, vêtements, bijoux…etc) transformés en accessoires afritudes ?
  • D’où provient le tissu pagne utilisé par les adeptes de l’afritude ?
  • Le tee-shirt a-t-il une origine africaine ?
  • La chemise provient-elle de l’Afrique ?
  • A quel pays doit-on la création de la veste ?
  • Le pantalon tire-t-il ses origines de l’Afrique ?
  • Combien de vêtements transformés en Afritudes sont d’origine africaine ?

Lorsque je prends la position de lecteur et que je réponds à ces questions, le mot afritude prend une nouvelle définition pour moi. L’afritude est alors une mode qui consiste à habiller de pagnes (fabriqués hors d’Afrique) des objets d’origine occidentale.

5)Et si on retournait en Afrique ?

L’Afrique a sa culture, ses pagnes, ses bijoux, ses objets propres.

L’Afrique et ses pagnes racontent l’histoire d’une famille, d’un peuple, d’une région ou d’un pays. Des pagnes conçus par les africains, au travers de techniques propres à l’Afrique. Il s’agit entre autre : du Bogolan du Mali, du Ndop au Cameroun, le Korhogo en Côte d’Ivoire, le Kente, le Rabal et bien d’autres. L’Afrique ce sont ses boubous, ses sandjas, ses kabas, ses chapeaux traditionnels ( Gobi, Trilby, Habar Kadar, HIKORO’MBOG…).

Le Bogolan

Les bijoux africains autant que ses pagnes sont le reflet d’une ethnie. Ils sont porteurs d’histoire et transmettent leur message à travers les générations. Il s’agit d’incroyables parures faites à base d’éléments tels que des cornes, os, coquilles, perles, plastique, bois, raphia.

Le Korbogo

Alors à la lecture de cet article, comment qualifierez-vous la mode « Afritude » ?

Hâte de lire vos avis dans les commentaires et rendez-vous au prochain article.

Rédigé par Isis SOHO

le « Camfranglais », un patrimoine culturel au Cameroun : Origines et Significations

Le Cameroun, notre Afrique en miniature, compte 23 799 022 habitants (recensement 2018) avec plus de 200 Ethnies communiquant chacune avec une langue distincte. Nous avons les langues de l’Ouest Cameroun, passant par celles du sud,  sans oublier notre cher camfranglais.

Par « camfranglais » nous entendons cet argot qui tire ses racines des langues camerounaises. C’est un mélange du français et d’anglais qui rythme le langage de nos jeunes compatriotes, sans laisser indifférents ceux du troisième âge, qui s’y prêtent de plus en plus au jeu.

je voulais seulement donner un exemple de phrase…. (lol)

Nous avons beaucoup entendu parler de franc-anglais oubliant ainsi les origines ethniques de cet argot. Cet article vient donc apporter un peu de lumière à cette indifférence.

Pour débuter on va se jouer des  notes de charlotte Dipanda et Ben Deca sous une douceur, dont seuls les « dualas » ont le secret

1) Camfranglais et Duala

Il semblerait que le camfranglais doit beaucoup de ses mots à la langue Duala, on y compte les mots :

  • Kolo qui provient du mot « ekoli » signifiant 1000 FCFA.
  • Tété qui est à l’origine « tétè » (grand-père, homme important) désigne une personne riche.
  • Mboa fait référence au village, par extension le pays.
  • Mola à la base désignant l’oncle devient petit à petit « ami ».
  • Ndolè : on a tous vécu une situation ndolè (difficile) dans cette vie !
(c) Prom’Essec 2017

Le camfranglais possède de nombreux autres mots d’origine duala comme : Bolè, Chiba(à l’origine « siba »), Caco, Bok(à l’origine « boto »), Dangwa, Langwa, Muna, Ndolo, Ndutu, Pegna, qui gardent la même signification que celle en duala.

2) Camfranglais et Béti

Le camfranglais doit par ailleurs des droits d’auteurs pour ses mots empreintés à la langue béti :

  • Ivou : vient de « evu » qui veut dire « sorcellerie »
  • Koumbo : signifiant assiette
  • Ngah : fille
  • Nkukuma : personne possédant une grande richesse
  • Nyè (à l’origine « ngnyè » (dégoutant)) : utilisé pour désigner des policiers et gendarmes à cause de leur mode de corruption très visible.
  • Noumba : vient de noum (sentir)
  • Nyanga : en béti signifie soins d’entretien, maquillage
  • Ngola : du mot « ongola », yaoundé en langue béti
(c) Google

3) Camfranglais et Bassa

On a tous « tchop » les makala au « beignetariat » ou pour les amoureux de bière, bu une bonne manyang . Eh bien, vous vous y connaissez en bassa !

  • Lep : jetter en bassa qui devient « laisser » en camfranglais
  • Makala : beignets
  • Manyang : frère
  • Mbeng : vient de « mbengue » en langue bassa mais aussi duala, désignant l’occident
  • Nang : vient de « nangaa » signifie dormir
(c) Google

4) Camfranglais et Bamiléké

Pour ceux qui se disent tchinda des autres, et ceux-là qui ne boiraient jamais le cadi de leur frère ; un dernier détour en pays bamiléké s’impose.

  • Tchinda en pays bamiléké est l’appellation portée par les gardiens, serviteurs des chefferies traditionnelles bamiléké. C’est un poste plutôt honorifique mais va malencontreusement designer un larbin, un bouc-émissaire en camfranglais.
  • Cadi : est une potion magique qu’on donne à une personne pour que celle-ci ne puissent mentir à un sujet qui lui a été confié. Si celui qui la boit s’hasarde à ne point dire la vérité, il en payera de sa vie et de celle de ses proches (chiens et chat y compris, lol).
(c) google

Pour en savoir plus sur les origines du camfranglais, je vous conseille le dictionnaire « camfranglais » de Valery Ndongo, qui a d’ailleurs été d’une grande aide dans l’élaboration de cet article.

J’espère vous avoir amené à faire de belles découvertes sur la culture camerounaise. Si vous avez des questions ou que sais-je d’autres mots à faire découvrir au public, n’hésitez pas à laisser un commentaire.

rédigé par Isis NGUTJOL