le « Camfranglais », un patrimoine culturel au Cameroun : Origines et Significations

Le Cameroun, notre Afrique en miniature, compte 23 799 022 habitants (recensement 2018) avec plus de 200 Ethnies communiquant chacune avec une langue distincte. Nous avons les langues de l’Ouest Cameroun, passant par celles du sud,  sans oublier notre cher camfranglais.

Par « camfranglais » nous entendons cet argot qui tire ses racines des langues camerounaises. C’est un mélange du français et d’anglais qui rythme le langage de nos jeunes compatriotes, sans laisser indifférents ceux du troisième âge, qui s’y prêtent de plus en plus au jeu.

je voulais seulement donner un exemple de phrase…. (lol)

Nous avons beaucoup entendu parler de franc-anglais oubliant ainsi les origines ethniques de cet argot. Cet article vient donc apporter un peu de lumière à cette indifférence.

Pour débuter on va se jouer des  notes de charlotte Dipanda et Ben Deca sous une douceur, dont seuls les « dualas » ont le secret

1) Camfranglais et Duala

Il semblerait que le camfranglais doit beaucoup de ses mots à la langue Duala, on y compte les mots :

  • Kolo qui provient du mot « ekoli » signifiant 1000 FCFA.
  • Tété qui est à l’origine « tétè » (grand-père, homme important) désigne une personne riche.
  • Mboa fait référence au village, par extension le pays.
  • Mola à la base désignant l’oncle devient petit à petit « ami ».
  • Ndolè : on a tous vécu une situation ndolè (difficile) dans cette vie !
(c) Prom’Essec 2017

Le camfranglais possède de nombreux autres mots d’origine duala comme : Bolè, Chiba(à l’origine « siba »), Caco, Bok(à l’origine « boto »), Dangwa, Langwa, Muna, Ndolo, Ndutu, Pegna, qui gardent la même signification que celle en duala.

2) Camfranglais et Béti

Le camfranglais doit par ailleurs des droits d’auteurs pour ses mots empreintés à la langue béti :

  • Ivou : vient de « evu » qui veut dire « sorcellerie »
  • Koumbo : signifiant assiette
  • Ngah : fille
  • Nkukuma : personne possédant une grande richesse
  • Nyè (à l’origine « ngnyè » (dégoutant)) : utilisé pour désigner des policiers et gendarmes à cause de leur mode de corruption très visible.
  • Noumba : vient de noum (sentir)
  • Nyanga : en béti signifie soins d’entretien, maquillage
  • Ngola : du mot « ongola », yaoundé en langue béti
(c) Google

3) Camfranglais et Bassa

On a tous « tchop » les makala au « beignetariat » ou pour les amoureux de bière, bu une bonne manyang . Eh bien, vous vous y connaissez en bassa !

  • Lep : jetter en bassa qui devient « laisser » en camfranglais
  • Makala : beignets
  • Manyang : frère
  • Mbeng : vient de « mbengue » en langue bassa mais aussi duala, désignant l’occident
  • Nang : vient de « nangaa » signifie dormir
(c) Google

4) Camfranglais et Bamiléké

Pour ceux qui se disent tchinda des autres, et ceux-là qui ne boiraient jamais le cadi de leur frère ; un dernier détour en pays bamiléké s’impose.

  • Tchinda en pays bamiléké est l’appellation portée par les gardiens, serviteurs des chefferies traditionnelles bamiléké. C’est un poste plutôt honorifique mais va malencontreusement designer un larbin, un bouc-émissaire en camfranglais.
  • Cadi : est une potion magique qu’on donne à une personne pour que celle-ci ne puissent mentir à un sujet qui lui a été confié. Si celui qui la boit s’hasarde à ne point dire la vérité, il en payera de sa vie et de celle de ses proches (chiens et chat y compris, lol).
(c) google

Pour en savoir plus sur les origines du camfranglais, je vous conseille le dictionnaire « camfranglais » de Valery Ndongo, qui a d’ailleurs été d’une grande aide dans l’élaboration de cet article.

J’espère vous avoir amené à faire de belles découvertes sur la culture camerounaise. Si vous avez des questions ou que sais-je d’autres mots à faire découvrir au public, n’hésitez pas à laisser un commentaire.

rédigé par Isis NGUTJOL